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Témoignage de Frederic: Rentrer sur sa terre...

Paroles de déracinés

Extrait de l'Anthologie de témoignages attendrissants recueillis par Jean-Pierre Guéno dans *Chers pays de mon enfance... Paroles de déracinés*

 

 

Témoignage de Frédéric racontant son retour sur sa terre d'origine

 

Rentrer sur sa terre, quand on est absent si longtemps, est à la fois ce qu'il y a de plus joyeux et de plus triste dans cette vie de migrateur. Chaque retour est un constat du temps qui passe et de sa propre vieillesse, comme celle des autres, mais aussi un retour à l'enfance, aux odeurs et goûts familiers. Comme nous l'avons tous expérimenté d'une manière ou d'une autre dans notre vie, il me plaît à penser quelquefois que le seul but de partir est d'apprendre très lentement à revenir.

La partie la plus compliquée d'une migration n'est pas l'évolution progressive vers les déceptions de la terre d'accueil qui semblait pourtant avoir tant à offrir ; c'est le retour à la terre d'origine et la confrontation à un quotidien et à un présent de ceux que nous avons laissés, c'est-à-dire une réalité à laquelle nous n'avons plus accès, des objets que nous ne savons plus toucher, des mots que nous n'avons jamais entendus, des enfants qui n'ont pas grandi sous nos yeux... En même temps, la dimension la plus frustrante de ces changements - la vie des autres qui avance sans vous — c'est que l'espace laissé lui conserve une connexion avec le passé et la mémoire de la terre d'origine que l'on a l'impression d'envisager seul.

D'un autre côté, la terre d'accueil n'offre pas toujours la possibilité d'enraciner et de laisser des traces de la mémoire ; elle n'est toujours que provisoire et transitoire, elle ne m'appartient pas car je ne veux pas lui appartenir. En définitive, on se sent toujours entre deux pôles qui ne sont pas capables d'offrir la stabilité : mais c'est l'histoire de millions de personnes.

Une chose que l'on apprend quand on quitte son pays, c'est à ne plus pleurer les jours de départ ; une autre capacité que l'on développe est celle qui nous permet d'anesthésier les douleurs de la séparation. Ce que l'on finit par découvrir, c'est qu'il n'y a qu'un seul espace sur lequel on ne fait jamais qu'atterrir: soi-même.

FREDERIC

 

 

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